Le covid 19 nous a démontré l’importance de l’organisation de l'habitat dans nos villes.

La promiscuité, la densité, le manque d'espaces verts, le regroupement de population à risques sont les faits négatifs les plus marquants de notre urbanisation.

Il va s'en dire que dans le domaine de l'urbanisme comme dans beaucoup d'autres domaines, l'épidémie du Covid-19 entraînera des remises en cause et sera l'occasion d'entamer réflexions et analyses sur la façon de concevoir la ville et ses aménagements avec plus de considération pour "l'humain", la place des espaces naturels, la préservation de la biodiversité, la santé environnementale.... Il faut que les acteurs de la santé publique soient davantage associés à l'urbanisme qu'ils ne le sont aujourd'hui. Faisons appel à des psychologues, des anthropologues, des sociologues et des écologues, afin de construire, avec les urbanistes et les citadins, des espaces qui soient vraiment au service du bien-être et qui repensent ce vivre-ensemble. (Source  ASA PNE sur 2 Mai 2020).

L’universitaire Catherine Larrère défend l'idée de "penser le rapport à la nature en termes de relations que l'on peut avoir avec elle. L'essentiel n'est pas ce que la ville enferme, c'est sa capacité à se laisser traverser. D'où l'importance des trames vertes et bleues qui ne sont pas des lieux où on importe une nature exotique mais qui permettent à la nature d'entrer et de sortir. En chassant la nature de la ville, on l'a vidée de sa sociabilité". À plus long terme, l’analyse des liens entre urbanisation, mobilité, gouvernance locale et diffusion de la pandémie pourra aussi contribuer à des réflexions visant à identifier les meilleures logiques d’organisation spatiale pour une humanité moins vulnérable.

Comme le dit dans une tribune l'architecte-urbaniste Jacques Ferrier, "notre modèle de ville doit être repensé. La notion de densité urbaine va se nuancer de paramètres multiples, intégrant les espaces naturels, la biodiversité, l’agriculture, le climat. Quant aux espaces construits ils doivent pouvoir se redéployer, se mutualiser, se redéfinir en fonction des situations. Allons vers une densité vécue : hybride, adaptable et partagée. La densité quantitative doit laisser place à la densité sensible. Ressources, climat, santé, extinction des espèces sont les faces diverses d’un même défi pour les métropoles : il est urgent de concevoir un environnement urbain en résonance avec la planète".

Nous voyons que nous sommes entrés dans une nouvelle ère où les dogmes, les habitudes d'antan n'ont plus leur place. Nous nous orientons vers un changement de paradigme où l'occupation de l'espace et des ressources impliqueront un changement profond des comportements sur la manière d'habiter, de construire, de produire, de consommer, de se déplacer, de se distraire... Cette mutation devra se faire avec les habitants et les usagers, davantage qu'aujourd'hui, en les associant aux processus d'élaboration des projets. Ce sera un enseignement supplémentaire à tirer de la crise pour que la "démocratie participative" ne soit plus une formule trop souvent vide de contenu mais puisse réellement s'exercer.

Réviser le processus de concertation sur les projets d’urbanisme. Les dispositifs de concertation sur les opérations  d’aménagement ne  fonctionnent  pas  de manière  satisfaisante  pour  prendre  en  compte  réellement les avis et propositions des citoyens. Il est indispensable qu’un travail commun de diagnostic et de propositions réunisse en amont les élus et les opérateurs avec les associations, les  collectifs  locaux  et  les  citoyens.  Ceci  pour  définir les  objectifs  et  les  programmes  urbains,  sur  la  base  de diagnostics  environnementaux  et  d’études  d’impacts préalables  au  choix  des  projets.

Le projet d’urbanisation du site de l'ancienne caserne des pompiers rue de Pont l'abbé élaboré  par la société Bouyghes puis Nexcity et choisi par la municipalité de M.Poignant, conforté par celle de M.Jolivet est la démonstration manifeste de ce qu’il ne faut plus faire.

Dans ce projet d'habitat dense, concentré dans trois collectifs importants, tout va à contre sens des nouvelles priorités que nous imposent l’épreuve du covid 19 que nous subissons: Regroupement de populations à risques dans un bâtiment baptisé par le constructeur de «multigénérationnel», proximité immédiate  d'une crèche  de 100 emplacements, pas d’espaces verts, accès difficile, déficit de stationnement. Les riverains avec l'association du Quartier se sont battus avec leurs moyens contre ce projet, la justice et les élus ne les ont pas suivis. Ce recours aura permis de «geler ce projet». C’est maintenant à nos futurs élus et aux opérateurs publics de réagir, de retenir les lecons de l’épreuve que nous venons de subir et de repenser ce projet.

Pour l'asso, le vice-président,

C..Guével